Fourrage Sept conseils pour des légumineuses efficaces au champ et à l'auge
Luzerne, trèfles, pois, lupin, féverole, sainfoin, vesce, lotier... Les légumineuses apportent beaucoup à l'assolement comme à la ration des vaches. Comment bien les choisir, les implanter et les récolter ? Focus sur les différentes pratiques.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La densité des prairies a tendance à diminuer à cause des sécheresses estivales et des pratiques parfois inadaptées. La sécheresse 2022 a pu impacter les jeunes prairies : fort salissement, mortalité des RGA… En parallèle, le prix des engrais azotés a atteint des sommets les mois passés : l’ammonitrate a flirté avec les 1 200 €/t et l’urée avec les 1 000 €/t. Les légumineuses ont redoublé d’intérêt dans les assolements et les mélanges prairiaux. Comment les intégrer efficacement ?
Adapter la légumineuse à sa parcelle
Selon le pH du sol, son hydromorphie et la disponibilité en minéraux, le choix des espèces varie selon la nature de la parcelle. Parmi les espèces de légumineuses, on retrouve :
- les « classiques » : la luzerne, les trèfles
Préférer la luzerne aux trèfles si vous visez une pérennité longue. Éviter la luzerne dans les sols humides et acides, car son rhizobium ne tolère pas l’acidité. La luzerne et le trèfle violet donnent de bons rendements lorsqu’ils sont implantés sous couvert d’avoine. Ne confondez pas les trèfles annuels (incarnat, d’Alexandrie, de Perse, Squarosum, de Micheli) à ceux dont la durée de vie dépasse 1 an (violet, blanc, hybride). Chacun a sa spécificité agronomique.
- les « originaux » : le pois, le lupin, la féverole
Des méteils peuvent être semés à l’automne dans des prairies dégradées afin d’aider à la décompaction du sol et de produire un fourrager complémentaire.
- les « audacieux » : le sainfoin, la vesce, le lotier
Le sainfoin est bien adapté aux sols calcaires et séchants. Cette plante rustique, moins exigeante en phosphore et potasse, est intéressante pour des parcelles à pérennité 2-3 ans. Ses valeurs alimentaires sont bonnes : une MAT à 13 %, UFL entre 0,83 et 1 pour 90 à 116 PDIN.
Les vesces commune et velue sont rapides d’implantation et résistantes au froid. Elles sont adaptées à des semis tardifs d’automne, en altitude, en association grâce à leur petit PMG.
Le lotier est adapté aux milieux pauvres. Cette légumineuse, peu agressive, est recommandée pour des parcelles dans lesquelles elle est naturellement présente.
Élire les bonnes variétés
Le choix de la variété participe aussi à la réussite de l’implantation. La base de données Herbe-book offre une liste non exhaustive des variétés disponibles pour certaines légumineuses (trèfle violet, trèfle blanc, luzerne). Un outil de filtre et tri permet de sélectionner les variétés répondant à vos objectifs : date de début d’épiaison, souplesse d’exploitation, rendement, sensibilité aux maladies… Multiplier les espèces et variétés maximise les chances de rendement.
N'oubliez pas qu’il n’existe pas de plantes miraculeuses ! Ne pariez pas sur des espèces que vous n’avez jamais vues dans vos parcelles, au risque de « nourrir un fournisseur » plus que votre sol !
Soigner vos semis
Plusieurs types d’implantations sont possibles avec des légumineuses :
- un couvert de légumineuses en interculture longue entre une céréale à paille et une culture de printemps ;
- en sursemis en juin et juillet, après une première récolte, sur des prairies temporaires, dont la végétation en place est rase, ce qui permet l’accès à la lumière et la chaleur ;
- en prairies multi-espèces, en sous couvert d’un méteil ou non, en proportion graminées/légumineuses à 70/30 ;
- en méteil fourrager.
Quelle que soit l’implantation, le semis doit être réalisé à maximum 1 cm de profondeur en terre ET suivi d’un bon roulage. Selon leur PMG, les graines de légumineuses exigent de la terre fine, un semis peu profond et bien rappuyé.
S’affranchir d’un apport d’azote sauf en situation de carence
Il n’est pas nécessaire d’apporter de l’azote après l’implantation des légumineuses. Leurs parties aériennes engrangent une quantité importante d’azote, sans compter la richesse de leurs résidus. Il a été mis en évidence que les cultures intermédiaires à base de légumineuses fournissent en moyenne 30 à 40 kg N/ha de plus qu’un sol nu.
L’apport d’azote s’envisage plutôt avant la mise en place de la légumineuse. Un sol en situation de carence ne permettra pas aux nodosités de se développer. La fixation d’azote par la plante ne sera donc pas maximisée.
Minimiser les coûts en visant un fourrage de qualité
Une luzerne conventionnelle, de pérennité 4 ans, génère un coût rendu auge de 148 €/t hors main-d’œuvre, si l’on considère un rendement à 9 t MS/ha (source : PEREL). Le coût des intrants s’élève à 256 €/ha pour le poste engrais et amendements (0-60-250 et 500 kg de chaux) + 54 €/ha pour le poste semences, + 30 € pour le poste désherbage.
Pour une prairie de type trèfle violet + RGH, de pérennité 3 ans, dont le coût rendu auge de 127 €/t hors main d’œuvre, le coût des intrants s’élève à 349 €/ha (source : PEREL).
Une récolte en foin reste la moins onéreuse (53 €/ha), par apport à un ensilage (66 €/t) ou un enrubannage (79 €/t). Si le fanage est rendu difficile, l’enrubannage reste une solution de récolte intéressante.
L’implantation d’un couvert en semis sous couvert d’une céréale est estimée à 22 €/ha (source : Arvalis), et estimée à 61 €/ha avec un déchaumage/herse rotative + semoir.
Ces techniques impliquent des coûts d’achat des semences et de destruction du couvert. Cependant, l’azote est recyclé ce qui implique une diminution de l’achat des engrais azotés.
Gagner 149 €/ha grâce à l’aide couplée
Au plus tard avant le 15 mai, vous pouvez déclarer la culture de légumineuses fourragères pour bénéficier de l’aide couplée végétale à 149 €/ha.
Les surfaces cultivées en légumineuses pures sont éligibles, sauf si elles sont destinées à la production de semences (il s’agit d’une autre aide de 104 €/ha).
Les surfaces en mélange de légumineuses ou en mélange avec d’autres cultures (céréales, oléagineux, graminées) sont éligibles si le mélange contient minimum 50 % de semences de légumineuses à l’implantation.
Les surfaces implantées en mélange de légumineuses et de graminées sont éligibles uniquement l’année du semis. N’oubliez pas de déclarer l’aide aux légumineuses sur vos prairies multi-espèces en première année !
Si le contrôle visuel ne permet pas de vérifier cette proportion, alors un contrôle documentaire sera réalisé : factures d’achats de semences, étiquettes de sacs de semences, cahier d’enregistrement des semences.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :